Au coeur du Sanctuaire Fantastique, un bassin nommé LAC
Dès 1980, à son arrivée sur l’île de La Réunion, avec sa compagne Roselyne Von-Pine et leur fille Aurélia sur les bras, Vincent Mengin-Lecreulx a été séduit par la lumière de l’île bien sûr, mais aussi et surtout par le métissage naturel des gens et des religions.
Le Sanctuaire Fantastique est une œuvre monumentale construite progressivement aux cours des années autour du bassin conçu en 1990 et que l’on a pompeusement baptisé le LAC (Lieu d’Art Contemporain). C’est le cœur du Sanctuaire Fantastique. Depuis, le chef-d’œuvrier, comme il se plait à se définir depuis quelques semaines, n’a de cesse de poursuivre sa chimère en ajoutant œuvres sur œuvres, s’adonnant ainsi sans retenu à la seule addiction qu’il a conservé précieusement : l’art pour l’art.
L’Ascension
Dès 1986, Vincent Mengin-Lecreulx attaque une série de peintures sur toiles qu’il appelle « Espaces routiers ». A partir de là, il répond à l’appel du large qui l’incite à sortir la peinture à l’extérieur, dans le jardin, en plein soleil.
Dès lors, ses espaces routiers s’étalent le long du chemin d’accès au lieu sous forme d’un paysage pneumatique monumentale, jouant avec la vraie végétation luxuriante du jardin de sculptures et essaimant ainsi de multiples colonnes de pneus sur lesquelles on aperçoit parfois un personnage.
Les 7 Déesses footballeuses
Aujourd’hui, la Messe du dimanche se pratique au stade et femmes tentent de redonner de la fraicheur à un sport largement pervertit par les enjeux financiers. Vincent a bien peur qu’elles vieillissent aussi mal que leur modèles machos. Quoiqu’il en soit, il s’est engagé solennellement à entretenir son équipe multicolore…
Le mur des divinités
VML accueille très naturellement l’ensemble des religions chez lui, y compris celles qu’il a lui même inventé. Cette réunion de famille des divinités s’est naturellement installée à proximité de sa tombe qu’il a personnellement creusé dès son arrivée à La Réunion, en 1980. Sage précaution car chacun connaît la fin de l’histoire. Mengin n’est pas né à La Réunion mais est bien décidé à y être enterré. D’ailleurs il a déjà obtenu avec brio l’autorisation des autorités. Ceci dit, il n’y a pas urgence…
La grotte Merveilleuse
Vincent a construit cet Autel autour d’une cavité naturelle où sont nés, non pas Jésus, mais une quantité de chatons sauvages. La Vierge a fini par y faire une apparition, le Facteur Cheval et sa brouette y ont déposé une ultime pierre, si lourde qu’elle leur fût fatale. On peut y voir aussi quelques ex-votos gardés par le serpent décapsulé.
Champ d’horreur pour les enfants guerriers
Vincent avait consacré une minuscule parcelle de terre pour y planter un champ de cannes à sucre de 2 m2, en mémoire de l’origine du terrain acquis en 1980 pour s’y installer. Finalement, la plantation sucrière a tournée de l’œil et un palmier l’a remplacé. Trois gosses martyres ont été pendus à son tronc en mémoire des enfants guerriers embarqués dans la sauvagerie des plus grands. Finalement, ce triangle de la mort porte la poisse et le palmier est décédé. Aujourd’hui, le triangle se fait plus discret en forme de Mémorial du profil bas…
Les mémoires incertaines d’une Danseuse étourdie racontées par le FantÔme du LAC
Aujourd’hui, en 2020, Vincent a baptisé l’une de ses derniers œuvres installés au bord du Sanctuaire : « Les mémoires incertaines d’une Danseuse étourdie racontées par le FantÔme du LAC ». Roselyne, la danseuse du LAC est bien moins étourdie que le Fantôme de Vincent ne le prétend. Se méfier des spectres…
Le cinéma Mengin
Les exemples de déclinaisons chez Vincent sont nombreux. L’une de ses activités les plus prisées, consiste à tout filmer ce qu’il bricole au LAC, y compris les résidences d’artistes. Aujourd’hui sa filmographie compte plus de 3 500 films, courts, moyens et long métrages, documentaires et fictions surréalistes. Ici on peut y voir, debout en équilibre sur des sièges de cinéma, la reconstitution d’une scène célèbre que personne n’a vu, car l’auteur n’est pas certain que nos contemporains autocensurés aient la force morale de regarder la séquence jusqu’au bout…
Encadrement
Depuis très longtemps, Vincent était obsédé par l’idée saugrenue de sortie la peinture de son cadre restrictif et liberticide. Il a fini par trouver une piste en l’autorisant à s’aérer dans le jardin devenant par le fait, multicolore. Dépassé par cet excès de mansuétude, en bon dictateur de son confetti, le chef-d’œuvrier a voulu faire un exemple de possible ré encadrement en cas d’abus de liberté. Les œuvres ont préféré baisser le nez et écraser, comme c’est souvent le cas dans la vraie vie…
Quand on passe les bords, il n’y a plus de limite, aussi Vincent a choisi de contrôler l’hommage au cinéma pour créer une confusion rectangulaire entre le cadre et l’écran dissuadant ainsi toute œuvre de sauter le mur.
Les vierges aveugles
Les vierges rouges ou bleues, saintes ou diaboliques, quand elles sont aveugles, ont grand besoin d’un pilote, comme d’ailleurs la plupart des gens, même bien voyants. Le cochon-tigre est bien meilleur guide que le chien d’aveugle car il est né d’un coup de foudre si fort entre un cochon et une tigresse. Le fauve a préféré accepter les avances amoureuses de la truie, plutôt que de la bouffer sur place. Cette belle histoire de métissage a rendu le cochonnet différent des autres et lui a donné beaucoup de force. En tout cas, on y réfléchi à deux fois avant de lui chercher des crosses…
Le cochon-léopard
On peut, là encore, constater que l’amour est plus fort de l’envie de faire un bon gueuleton. Plutôt que de bouffer la mère de ce métis, le léopard a préféré la couvrir de baisers amoureux jusqu’à construire une famille. Qui a dit que chacun devait rester dans son couloir ?
La Madone scorisée
L’histoire encourageante de la restauration mystique d’une Sainte vierge dégradée par les aléas climatiques, devenue volcanique en passant par la clinique Mengin. Les œuvres au grand air sont plus fragiles que celles qui préfèrent rester confinées…
Les Amazones pétrifiées
Lourdement blessées par la chute d’une énorme branche de caoutchouc, les Amazones du LAC ont dû être hospitalisées dans la clinique du Docteur Mengin-Lecreulx pour y subir une restauration sauvage à base d’un traitement de sable et de résine. Elles ont survécu et sont sorties de cette épreuve volcanique plus fortes encore.
De la maternité à la tombe
A force de jouer avec Vincent, les footballeuses se sont réveillées enceintes. La rose attend Aurélia pour 1980 et la bleue va donner naissance à Pablo en 1983. Elles sont sagement posées au bord de la tombe de Vincent qui lui-même ne les quitte pas des yeux. La vie est comme ça, aussi belle que possible, entre maternité et crématorium…
La tombe
Vincent Mengin-Lecreulx a pratiquement creusé sa tombe en arrivant à La Réunion, sous le prétexte fallacieux, qu’il écrit toujours ses scénarios en commençant par la fin. C’était surtout la volonté d’affirmer vouloir passer le restant de sa vie au cœur de cette petite île sur laquelle il avait décidé d’amarrer son propre radeau d’art plus ou moins contemporain. Depuis, régulièrement il l’aménage et la décore au fil du temps et des inspirations.
Le piano cercueil
L’éternité c’est interminable, aussi Vincent a customisé son cercueil en piano afin de facilité la musique de Pablo à venir arroser son esprit endormi.
La tombe de l’Ange Blanc
L’Ange Blanc est un catcheur mythique venu du Mexique pour corriger les méchants. Enfant, Vincent l’a cherché sans succès dans tout Boulogne Billancourt où le costaux habitait. Il avait néanmoins débusqué la mère du catcheur. Il était clair que l’Ange Blanc n’était pas si blanc que ça, peut-être même un peu méchant sur les bords…
La tombe du Bourreau de Béthune
Le Bourreau de Béthune est l’autre catcheur mythique venu, lui de l’enfer, pour corriger les soi-disant gentils. Enfant, Vincent l’a croisé dans les coulisses d’un gala de catch à la patinoire de Boulogne-Billancourt. Lui qui était considéré comme un sale gosse, restera marqué à vie par cette rencontre improbable, car il s’est vite rendu compte que le Bourreau n’était pas si méchant, même plutôt gentil, finalement, un peu comme lui-même…