Un cabinet de curiosités consacré à l’histoire du LAC
Pour Vincent Mengin-Lecreulx, l’architecture doit se soumettre aux exigences des œuvres d’art. Elle doit se faire la plus discrète possible, éviter à tout prix de fanfaronner avec des artifices totalement inutiles et risibles. Le meilleur modèle est de loin la boîte à chaussures. Ce qui n’exclu pas l’aspect spectaculaire obtenu par la hauteur de plafond, l’escalier central les niches noires et la mezzanine. VML a conçu et fabriqué sa Chapelle pour montrer l’art dans les meilleures conditions. Durant des années, cet espace d’environ 400 m2 a accueilli les grandes expositions des artistes invités en résidence au LAC tels que Errô, Jaccard, Nils-Udo, Mark Brusse et bien d’autres. Depuis 2010, VML, artiste fondateur du LAC a récupéré cet espace pour le transformer en un vaste cabinet de curiosités consacré à la création où ses œuvres cotoient en permanence celles des artistes venus en résidence au Lieu d’Art Contemporain de La Réunion de 1986 à 2017. La Chapelle Mengin est donc devenue une oeuvre en soit, inaliénable et pérenne qui se poursuit au fur et à mesure des inspirations et décisions de son auteur. En fait, il fait suite au « Palais aux 7 Portes », premier cabinet de curiosités conçu par Vincent. La Chapelle Mengin lui a permis d’intégrer dans la collection, des œuvres d’artistes venus en résidence après la construction et conception du P7P limité aux 28 premiers artistes venus au LAC. C’est aussi un lieu qui peut se transformer en salle de projection consacré uniquement à la filmographie gigantesque de VML. Vincent Mengin-Lecreulx peut donc poursuivre à sa guise son concept d’accumulation d’œuvres jusqu’à la fin de sa vie.
Entrez dans la Chapelle Mengin !
Le principe de base de Vincent Mengin-Lecreulx lorsqu’il récupère le bâtiment qu’il a construit de 1985 à 87, est de faire disparaître les murs sous les images. Il recouvre entièrement la maçonnerie d’œuvres des artistes invités aux cours des 40 dernières années et des siennes propres constituant ainsi une rétrospective en permanence mise à jour. Vincent a réalisé un grand collage numérique imprimé sur bâche afin de fabriquer le rideau qui s’ouvre sur l’entrée de la Chapelle. Comme souvent, il veille à ce que le visiteur ne découvre que progressivement la spectaculaire mise en scène du bâtiment. Par ailleurs, la salle peut se transformer rapidement en salle de cinéma en descendant un projecteur du plafond et en remontant une grande toile de Mengin qui cache le mur écran. Ici le public s’assoit dans les marches de la Chapelle, au cœur du chef d’œuvre.
La famille Mengin
L’histoire du LAC qui commence à Paris, c’est l’histoire de la famille Mengin.Je vous la raconte en mode sténo : Vincent rencontre Roselyne, ensemble ils font une gamine, Aurélia qui réclame un petit frère, Pablo. Tout ce petit monde vit à La Réunion dans un chantier qui va durer des années mais ils ont l’air d’aimer ça. Ils construisent un lieu d’art contemporain, invitent des artistes et des écoliers et aujourd’hui encore toute la famille est très occupée par leurs activités artistiques.
La Sacristie de la Chapelle Mengin
La Sacristie de la Chapelle Mengin est située à gauche de l’Autel de l’Ange Blanc, dans le vestibule de la Chapelle Mengin. C’est un cabinet de curiosité si petit qu’on ne peut la visiter qu’individuellement. L’écran de télévision projette un film de 4h 30 mn que bien sûr personne n’a vu juste bout. Le catch est présent à travers les évocations classiques pour VML de l’Ange Blanc et du Bourreau de Béthune.
L’Autel de l’Ange Blanc
Les deux catcheurs mythiques des années 50, l’Ange Blanc et le Bourreau de Béthune, ont accompagné l’enfance interminable de Vincent jusqu’à nos jours. La simplicité du catch qui oppose systématiquement les gentils aux méchants dans une chorégraphie étudiée ne pouvait que séduire ce gamin légèrement bousculé. Aujourd’hui Vincent Mengin-Lecreulx sait bien que l’Ange n’est pas si blanc qu’il le prétend et le Bourreau pas si méchant que ça, mais la poésie reste intacte et sa rétine persiste dans la naïveté. Le catch reste un sujet majeur dans son travail.
La Crypte de la Chapelle Mengin
Le fils de Dieu sur la croix, une image si banalisée que l’on en a oublié les principes basiques du supplice. Cloué au soleil et bouffé par les fourmis rouges, écarlates comme le Bourreau, son corps a presque entièrement disparu sous les chicots de ces petits insectes travailleurs et jamais distraits par le chant des cigales. Le supplicié est ici entouré de nombreux personnages compatissants. Vincent Mengin-Lecreulx a construit cette Crypte si encombrée qu’il est exclu d’y pénétrer. La frustration du public est l’un de ses objectifs souvent atteints.
Le gnouf de La Chapelle
Vincent Mengin-Lecreulx a éprouvé le besoin de fabriquer une prison modeste, proportionnelle à la taille de la Chapelle. 4 m2 suffiront largement à entasser les quelques délinquants du LAC. La question de l’implantation s’est posée, soit dans un endroit discret, inaccessible et secret, soit au contraire sur une place centrale, visible par tous, pour provoquer la crainte et le respect de l’auteur.VML, en fin stratège, avait baptisé son bagne « le gnouf », afin de le rendre plus amusant et moins dramatique pour ses occupants. Il a choisi de positionner la structure au cœur même de la Chapelle, juste à droite en entrant. Chaque visiteur peut alors observer les bagnards du LAC comme au zoo.
Le chemin des Dames
Le Chemin des Dames est le terrain de jeux où les allemands et les français se sont étripés assez joyeusement pendant la première guerre mondiale. Sur ce ring là, des milliers de catcheurs fous de part et d’autre sont morts et enterrés sur place. Un carnage admirable comme peu d’organisateurs de spectacles peuvent en proposer. Vincent Mengin-Lecreulx est né à la suite du match retour, le 20 juillet 1948, d’une mère allemande et d’un père français, voilà l’amour qui s’incruste au beau milieu de la castagne. Le chemin des Dames est devenu le rendez-vous notoire de la prostitution. 7 jeunes femmes attendent devant leurs propres empreintes picturales, leurs gosses criblés de balles, chacune devant sa rue.
Rétrospective éclatée de Vincent Mengin-Lecreulx
Les premiers dessins et peintures des années 68 de Vincent Mengin-Lecreux sont accrochés et conservés dans le petit couloir de la mezzanine. D’autres peintures sont agglutinées sur le grand mur de la Chapelle qui fait aux artistes venus en résidence au LAC ces 40 dernières années. Par ailleurs des sculptures se cache dans les recoins de l’architectures. Toutes ces œuvres de VML sont nées à des époques différentes et constituent donc une espèce de rétrospective éclatée dans le bâtiment, échappant ainsi à l’aspect mortifère d’une commémoration hypocrite.
Des œuvres tous azimuts
Avant d’être récupérée légitimement par Vincent, la Chapelle Mengin s’appelait la Galerie Vincent. Il l’avait conçue et construite pour organiser les accrochages des œuvres produites durant leurs séjours par les artistes invités en résidence au LAC. Aujourd’hui, ces œuvres sont devenues les curiosités d’un véritable cabinet du même nom. Vincent Mengin-Lecreulx a organisé l’hybridation de l’ensemble des artistes avec son propre travail.